Par violence éducative, on n'entend pas uniquement une fessée ou une gifle. Les remarques rabaissantes devant les gens, une fessée pour X ou Y raison importante aux yeux de l'adulte mais innocente de la part de l'enfant en font également partie. Ne soyez pas choqué en lisant cela, en vous disant qu'une remarque n'a jamais tué personne. Faites la différence entre une remarque constructive, et une remarque rabaissante.
"T'es bête ou quoi"? "Quoi t'es pas capable de faire ça, même un bébé sait le faire!"
Une punition ou une fessée pour un verre cassé? Qui vous punit vous en tant qu'adulte quand vous faites tomber quelque chose? Même un bébé saurait ne pas le casser...
L'adulte se cache souvent derrière cette petite phrase toute faite pour justifier sa perte de patience et de contrôle "Oh ça va, moi j'en ai pris des claques quand j'étais enfant, je ne suis pas mort(e)".
Ce même adulte qui suit une thérapie, a du mal à gérer ses émotions et sa colère et ne sait pas se mettre à la place d'un enfant.
Manque de bienveillance, et à l'âge adulte?
En devenant maman je me suis rendue compte que ce qui était ma normalité pendant mes premières années de vie, n'était en fait pas normal du tout.
C'est un article très personnel, sans doute le plus personnel de tous. Il fera sans doute aussi du mal à ma famille; qui a beaucoup évolué depuis et qui s'est remise en question. Et à qui je n'en veux pas.
Mais j'ai envie de parler en tant qu'enfant qui a grandi, et les conséquences que ça a laissé sur la vie d'adulte, parce que je pense que certains peuvent s'identifier et comprendre leurs comportements actuels.
Que vous ayez des enfants ou non, soyez conscients la prochaine fois que vous utilisez cette phrase anodine "une petite claque ça n'a jamais tué personne" ou que vous serez rabaissant volontairement ou non.
Je ne suis pas la seule à avoir vécu cela, c'était la norme dans ma génération 80-90, et peut-être que vous vous retrouverez dans certains passages.
Je ne dramatise pas, soyons clairs il y a bien pire que ma situation, qui était sans doute banale il y a 30 ans. Mais je n'ai pas non plus envie d'en faire un tabou ou d'être gênée de nommer les faits.
J'ai minimisé toute ma vie l'impact que cela avait, mais réaliser et en parler m'a aidée à comprendre certains de mes comportements à l'âge adulte.
Je vous pose le décor:
Mes parents ont divorcé lorsque j'avais 1 an. Les deux côtés de ma famille sont fondamentalement différents notamment en terme d'éducation, de vision de la bienveillance.
D'un côté, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais une fessée ni même une tape sur la main. Beaucoup de dialogue, d'explications, et surtout de bienveillance.
De l'autre, des cris, des mots forts, des fessées, des claques et des coups de cuillères en bois. Très peu de dialogue.
Mes parents étant divorcés et les gardes à l'époque étant en faveur de la mère, je ne voyais ma famille paternelle (côté plus bienveillant) que 4 jours par mois, parfois moins en cas de litiges entre eux. Car oui, mettre les enfants au milieu des litiges d'adulte, c'était monnaie courante.
Quand mon père me ramenait, je m'aggripais à son t-shirt et lui avait les yeux remplis de larmes.
J'avais 3 ans, je m'en rappelle comme si c'était hier.
Je suis donc convaincue qu'un enfant se rend compte, réalise et se rapelle de ce qui lui procure des émotions vives.
Ma normalité ne l'était pas
Bien sûr, mon quotidien était loin d'être un enfer, la plupart du temps je jouais, j'allais à l'école, comme tous les autres enfants; ma vie n'était pas coups et cris.
Mais pour le reste tout me paraissait normal sur le coup:
normal de prendre une claque parce que je grattais un bouton sur mon visage
normal que la cuillère en bois se casse sur mon dos, mes fesses ou ma tête
normal de recevoir des claques parce que je ne vidais pas mon assiette ou que je n'aimais pas le repas
normal d’avoir le réflexe de mettre les mains devant mon visage dès que quelqu'un levait les bras
normal de devoir courir autour de la table pour éviter les coups
normal que ma grand-mère, chez qui on vivait, me mette plus de claques sur le visage que ma mère.
Au final, c'est devenu tout aussi normal de:
me faire discrète et toute petite
jouer seule, me plonger dans des livres, rester dans ma chambre
ne jamais dire quand quelque chose n'allait pas, quitte à pleurer toutes les nuits (dans ce cas-là, je retrouvais un paquet de mouchoirs neuf sur ma commode chaque soir, mais la personne qui les mettait là ne m'a jamais demandé pourquoi je les vidais)
me convaincre qu'on m'aimait parce qu'on m'achetait plein de choses matérielles.
On appelle ça la résilience.
Pour eux c'était ça le normal, la compensation par le matériel. Payer des choses bien trop onéreuses pour un enfant afin de pouvoir dire "Elle dort dans un lit à 20.000 francs quand même, elle est comme une reine cette enfant".
Je n'ai matériellement jamais manqué de rien donc je ne me suis jamais sentie légitime d'en parler ou de me sentir mal.
De ce côté de ma famille, je n'ai que rarement été encouragée à faire quelque chose; sauf si cela pouvait être une "fierté" pour la famille. Nous étions constamment rabaissées devant les gens; une parentalité qui passait plus ou moins inaperçue il y a 30 ans, mais qui aujourd'hui heureusement ne laisse plus indifférent.
Maintenant je suis grande, et...
J'ai 32 ans aujourd'hui. Ce qu'il me reste dans cette valise d'enfance?
De discrète je suis devenue explosive et exigeante.
Je suis restée solitaire, devenue indépendante à outrance et dès que je sens qu'on m'abandonne ou que ça se gâte, je me replie sur moi-même et je fais ce que je fais de mieux: compter sur moi-même.
Cette valise se vide doucement, après tellement d'années à la traîner derrière moi mais il y a encore du travail.
Dans ce bâteau, je n'étais pas seule, ma petite soeur a vécu parfois pire et je vis chaque jour avec la culpabilité de ne pas l'avoir aidée ni protégée.
Ma soeur et moi on se construit aujourd'hui par nous-même, on tatônne souvent mais on n'abandonne jamais. On puise souvent de la force l'une chez l'autre et on avance main dans la main.
Elle est un petit bout de femme incroyable, d'une force et d'une détermination bluffante, que j'aime de tout mon coeur.
Les petites claques qui ne tuent pas, l'humiliation, le manque d'attention, marquent les enfants pour longtemps, et ils devront se construire autour de tout ça, avec un vide immense. A l'âge adulte, les autres ne comprendront pas leurs réactions, et ils s'éloigneront, augmentant ce vide.
Ces comportements qui pour certains semblent anodins, auront un énorme impact.
Personne n'a demandé à venir au monde; nous sommes nous parents, les seuls responsables et c'est légitimement à nous de leur offrir le meilleur possible.
Qui es-tu toi pour dire à ton enfant qu'il est bête, qu'il est nul, qu'il n'est pas capable? Qui es-tu toi pour lui mettre une claque parce qu'il a fait tomber un verre ou qu'il fait trop de bruit à ton goût?
Je ne généralise pas bien sûr, je suppose et j'espère que les 3/4 des parents des années 80 ont été des parents bien plus bienveillants et que les parents d'aujourd'hui évitent de reproduire ce qu'ils ont vécu ou vu.
Ce bagage à fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Il nous permet de savoir exactement qui nous ne voulons PAS être, et nous pousse à donner le meilleur de nous-même.
Aujourd'hui, je suis très fière de voir autour de moi que nos générations ont évolué et continuent d'évoluer d'une manière magnifiquement bienveillante.
Ecouter, parler, mettre des mots, accompagner, aider, être présent pour ses enfants, tout en cadrant, dans la bienveillance.
Je suis fière de faire partie de l'une de ces générations qui traitent leurs enfants comme des êtres à part entière, et pas comme ils voudraient qu'ils soient.
Avoir un enfant, c'est une merveilleuse opportunité de guérir son enfant intérieur.
Soyez le meilleur de vous-même, vous le méritez ❤️
Donnez le meilleur de vous-même à vos enfants, ils le méritent encore plus
A bientôt,
Veronica, ta coach de vie qui t’aide à trouver ton équilibre vers une vie plus apaisée
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